Véronique Zerrouki, Safran : « Nous avons montré la santé et la sécurité sous un angle très humain »

Témoignage de Véronique Zerrouki, Health Safety Environment VP au sein du Groupe Safran.

Dans quel contexte avez-vous lancé la réalisation d’un diagnostic culture de sécurité ?

Véronique Zerrouki : Plusieurs indicateurs à notre disposition indiquaient que le groupe Safran arrivait à la fin d’un cycle long en matière de santé et de sécurité. En réinterrogeant la stratégie du groupe dans ce domaine pour lancer un nouveau cycle d’amélioration des pratiques et des comportements, nous avons trouvé particulièrement intéressante la vision de l’Icsi, en particulier l’accent mis sur les facteurs organisationnels et humains et la transformation de la culture d’entreprise. Nous avons aussi été convaincus par la structure associative de l’Icsi et par son approche consistant à nous apporter du contenu sur la culture dans l’objectif de nous rendre ensuite autonomes. La bonne connaissance qu’a l’institut du secteur aéronautique et la possibilité de réfléchir à la complémentarité des approches entre sécurité des vols et sécurité industrielle a également été un point d’intérêt important. C’est ainsi qu’après une première sensibilisation en COMEX sur le leadership en santé et sécurité, la direction générale de Safran a décidé de s’appuyer sur l’Icsi pour réaliser un diagnostic de santé et sécurité.

Comment le diagnostic s’est-il déroulé ?

Véronique Zerrouki : C’était un gros challenge : Safran est constitué de 12 sociétés dites Tier1 totalisant environ 90 000 salariés dans le monde, dont la moitié en France. A partir du moment où l’on cherchait à agir sur la culture d’entreprise, nous demandions à l’Icsi de nous accompagner à cette échelle du groupe, c’était l’une des conditions de départ de notre collaboration. Quand on connaît l’importance du leadership en matière de santé et sécurité, il était évident qu’il nous fallait acquérir une vision globale, tout en laissant son autonomie à chacune des 12 sociétés et en suscitant une participation massive parmi les salariés. La démarche que nous avons co-construite avec l’Icsi, engagée en 2023 avec 8 premières sociétés, qui se prolonge en 2024 avec les 4 autres, a bénéficié d’une forte mobilisation du top management : tous les CEO se la sont appropriée et ils ont fait en sorte que dans toutes les unités les  collaborateurs puissent prendre une heure de leur temps pour renseigner le questionnaire. Nous avons aussi réussi à engager 1500 personnes dans les focus groups. A l’arrivée, l’adhésion des salariés est remarquable, puisque le taux de réponse au questionnaire sur la première vague atteint 86%, celui de la deuxième vague de cette année atteint 93%. Dans plusieurs sociétés, les CEO ont également fait le choix d’un diagnostic approfondi.

Quels enseignements tirez-vous de cette démarche ?

Véronique Zerrouki : Le processus n’étant pas arrivé à son terme, il serait prématuré de dresser un bilan complet. Je relève quand même le sentiment partagé au sein de nos équipes que le Groupe a amorcé un virage et qu’il a réussi à faire comprendre à l’ensemble de son corps social son engagement résolu pour la culture de santé et sécurité au travail. La santé et la sécurité pouvaient être perçus à l’aune unique des indicateurs, et nous les avons montrées sous un angle très humain, en faisant prendre conscience que chacun avait un rôle à jouer. Grâce au diagnostic, nous avons acquis une vision authentique et sans concession de notre maturité dans ce domaine, qui nous permet de définir des axes de travail prioritaires sur des sujets de fond. Nous sommes entrés dans la partie la plus complexe de la mise en place des programmes, en veillant à l’équilibre entre une partie dite « corporate » à l’échelle du groupe et les actions initiées au niveau des directions des sociétés. Nous avons aujourd’hui un COMEX mobilisé pour réussir cette transformation culturelle, avec un engagement appuyé de la direction générale et de la DRH.